Festival : L’avenir du motion design

Ce vendredi 5 mai, j’ai eu l’honneur et le plaisir de participer à la 5ème édition de Motion Motion le festival du motion design de Nantes. J’y étais invité en tant que « motion designer » passionné par l’animation artisanale en papier.

 

Le matin, j’ai animé des ateliers basés sur mon travail réalisé pour L’École du chat noir. J’ai pu échanger avec des petits groupes de professionnel·les et d’étudiant·es de ce secteur sur des questions techniques et philosophiques. J’ai ainsi transmis une part de mon savoir-faire et de mes idées grâce à la petite marionnette en carton du chat noir.

L’après-midi, j’ai participé à deux tables rondes, intitulées « Comment être motion designer sans passer sa vie devant un ordinateur ?» et «Intelligence artificielle, comment va-t-elle s’intégrer à nos métiers ?». J’ai profité de cette occasion pour partager avec les gens de ma profession des points qui me semblent importants au regard du contexte politique, économique, social et écologique actuel. J’ai notamment rappelé que :

 

☞ Dans la société industrielle, l’art devient depuis en plus la technique. Le sens disparaît au profit d’un ensemble de procédés techniques. L’artiste devient peu à peu un technicien dans un environnement de plus en plus artificiel et toxique (Ellul, L’empire du non-sens).

 

☞ Les ordinateurs détruisent l’art et la poésie. Là où l’ordinateur avance, l’art et la vie reculent. Par définition, l’ordinateur est programmé, planifié, les tâches sont techniques, efficaces, normées standardisées. Il réduit la monde entier à son langage binaire de 0 et 1. Tout ce qui échappe à sa logique est dévalorisé, mis au rebut. Or, la vie ne peut se réduire à des nombres. La vie (et l’art) est par nature hasardeuse, aventureuse, mystérieuse, imprévue, gratuite, autonome, diversifiée.

 

☞ Les écrans nous coupent du rapport sensible au monde. Ils sont des intermédiaires plats entre nous et le reste du monde réel. Ils objectaient et réduisent le monde à un écran, une tablette, un smartphone, etc. Tout ceci produit l’indifférenciation, on zappe, une image en remplace une autre (Divertir pour dominer 2). Les écrans sont les supports matériels de la société du spectacle capitaliste. La société toute entière souffre de la vie derrière les écrans, et les artistes en particulier.


Pour évoluer, l’artiste a besoin de la matière, qui a ses qualités et ses défauts, qui lui résiste, qui demande à être connue et apprivoisée. Avec le temps, l’artiste entretient une relation avec la matière, à mesure qu’il transforme la matière, la matière le transforme. Les écrans «font écran» à ce processus artistique. Ils court-circuitent également nos cerveaux, notre attention, notre compréhension. Ils empêchent de penser, de méditer. Ils participent activement à notre aliénation.

 

☞ La technologie (produite par « la noce des sciences et du capital ») s’oppose à la liberté. Elle n’est pas «neutre», elle est politique. La technologie nécessite et renforce un ordre social hiérarchisé, piloté, ordonné, contraint, standardisé pour ne conserver que les procédés efficaces et rentables. Elle est le moyen par lequel les puissants développent leur puissance. Elle est l’outil des technocrates qui pilotent le monde-machine. S’il y a des puissants technologiques, il y a des esclaves technologiques. Or, la liberté ne peut pas s’exprimer, et n’a aucun sens si nous ne sommes pas égaux, si une classe en domine une autre.

 

☞ La technocratie, c’est le règne des experts. Les technocrates et les industriels nous dépossèdent constamment de nos métiers, de nos pratiques, de nos modes de vie, pour les gérer scientifiquement et rationnellement. Ils sont responsables du désastre écologique et social dans lequel ils nous précipitent, et se présentent en sauveurs (Charbonneau, Le feu vert).

☞ L’« intelligence artificielle » est la suite et l’intensification de ce processus de mécanisation, d’artificialisation et d’automatisation propre à l’industrie. La cybernétique, science du pilotage, consiste à piloter la société à l’aide d’une « machine à gouverner » (Pièces et main d’œuvre, Le règne machinal). À ce titre, la « démocratisation» de l’IA est un non-sens absolu. L’IA repose avant tout sur l’extraction de données, permise par une connexion permanente et aliénante à la machine. La prise de décision complexe par algorithme est un outil fasciste et déshumanisant qui considère le « facteur humain» comme une erreur, comme un paramètre à gérer. Il n’y en a pas de « réappropriation» désirable ou mesurée.

☞ L’IA n’est pas créative, elle reproduit l’existant standardisé, sélectionné, normé. Elle appauvrit le monde et la culture pour enrichir quelques capitalistes et industriels. C’est un processus dévitalisé qui se débarrasse du hasard, des imperfections et de la singularité. Elle nous est présentée comme inéluctable (comme le reste du progrès technique), elle s’impose à nous grâce à des investissements colossaux et une publicité abrutissante. Il nous est interdit de la refuser. Dans ce contexte, ceux qui appellent à une utilisation « mesurée » ou « détournée » se moquent de nous.

 

☞ La civilisation industrielle n’est pas durable. Cette société puissante, militarisée, extractiviste, hiérarchisée, patriarcale, destructrice, menace la possibilité même de vivre sur la planète. 200 espèces sont, entre autres, exterminées chaque jour du fait de cette organisation sociale. Comment fabrique-t-on les ordinateurs ? Avec quelles ressources ? Dans quelles conditions sociales ? Avec quelles nuisances écologiques ? Toutes ces infrastructures sont hautement mortifères, elles n’ont rien de soutenable, ne peuvent bénéficier à tout le monde ni à la nature. Il n’y a pas de numérique « vert », « libre », « convivial » ou « décarbonné » (Lainae & Alep, Contre l’alternumérisme).

 

La résistance politique est nécessaire. Le marché nous met toutes et tous en compétition. Si individuellement nous décidons d’arrêter d’utiliser des machines, cela ne change rien puisque nous vivons dans le monde des ordinateurs. Je peux arrêter d’utiliser un smartphone et me sentir moralement élevé, mais je n’ai pas réglé le problème de base, les nuisances continuent. Mais puisque nous avons le devoir morale de régler ce problème, la résistance au numérique doit donc se faire à une échelle plus grande, collective et organisée.

 

☞ C’est pourquoi les artistes doivent « tout casser ». Au minimum, les artistes devraient cesser de se passionner pour les nouveaux matériaux, machines et gadget de la technoscience, pour redescendre sur Terre. Les « motion designers » exprimeront leur créativité dans un art qui ne nécessite ni tyrannie ni écocide, comme la scénographie (et c’est pas triste). S’ils et elles souhaitent rester humains et artistes, pour sauver l’art, la vie et la liberté, les artistes briseront les machine, et participeront à abattre la civilisation industrielle.

Cet évènement m’a permis de belles rencontres et des échanges riches et intéressants. J’aurais aimé rester plus longtemps et je remercie encore les organisateurs de cet évènement et les bénévoles qui l’ont rendu possible.


Merci également aux personnes avec qui j’ai pu échanger pendant les ateliers du matin, c’était très chouette.

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